samedi 31 décembre 2011

Fin d'année en livres

En cette fin 2011, nous avons décidé le calme, la (les) douceur(s), le temps d'être ensemble, de partager nos rêves éveillés ou non et aussi de décortiquer une pince de homard, et puis surtout le temps de lire... et je ne m'en suis pas privé...

Pour mes lecteurs, deux passages seulement, pour laisser toute sa place à la fête...

Un grand musicien est quelqu'un qui donne après plusieurs années de travail ce que donne le rossignol au premier jet de son chant.
Christian Bobin
Un assassin blanc comme neige

Je n'arrivais pas à dormir, plus que jamais convaincu que les marges de nos vies sont trop étroites pour contenir la somme de nos rêves et le miroir de nos intuitions.
Jean-Paul Dubois
Le cas Sneijder

Bonne année, qu'elle vous soit douce et belle !

mercredi 28 décembre 2011

Monsieur Linh

Monsieur Linh fait signe à son ami de le suivre. Il quitte le sentier et s'enfonce dans la forêt. Le dernier soleil dépose çà et là des pièces d'or sur le tapis de mousse, et soudain, jaillissant de cette mosaïque verte mêlée de feu, une source apparaît. Elle naît entre deux pierres et son eau qui s'élance suit cinq directions, comme si elle dessinait la forme d'une main tendue et de cinq doigts écartés, une main ouverte, une main offerte. Les cinq filets d'eau disparaissent ensuite dans le sol, quelques pas plus loin, aussi miraculeusement qu'ils étaient venus à la lumière.
"Cette source n'est pas une source ordinaire, dit Monsieur Linh au gros homme. On raconte que son eau a le pouvoir de donner l'oubli à celui qui la boit, l'oubli des mauvaises choses. Lorsque l'un d'entre nous sait qu'il va mourir, il s'en va vers la source, seul. Tout le village sait où il va, mais personne ne l'accompagne. Il faut qu'il soit seul à faire le chemin, et seul à s'agenouiller ici. Il vient boire l'eau de la source et aussitôt qu'il l'a bue, sa mémoire devient légère: ne restent en elle que les jolis moments et les belles heures, tout ce qu'il y a de doux et d'heureux. Les autres souvenirs, ceux qui coupent, ceux qui blessent, ceux qui entaillent l'âme et la dévorent, tous ceux-là disparaissent, dilués dans l'eau comme une goutte d'encre dans l'océan."

(ce passage est un rêve de Monsieur Linh, très significatif...)

Philippe Claudel
La petite fille de Monsieur Linh


"Un récit aussi bref que brûlant dont les braises ne s’éteignent pas, le livre refermé"
Philippe Jean Catinchi
Le Monde des livres
4° de couverture

jeudi 22 décembre 2011

Autour des mots

Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours eu une grande passion pour les mots, et le champ des recherches et surtout des découvertes qu'il me reste à cultiver en espérant une belle et bonne récolte, ce champ est tellement vaste que je vais demander un supplément de vie de quelques siècles pour espérer le connaître un peu mieux.
Ma toute première lumière en la matière est venue de la lecture du livre Les Mots de Jean-Paul Sartre (pour une fois que je comprenais ce qu'il écrivait). Depuis, j'ai complété par des lectures diverses et différentes en cherchant la richesse du vocabulaire (exemple: Marguerite Yourcenar), la finesse des jeux de mots (Sacha Guitry ou Alphonse Allais, entre autres), l'inventivité (Georges Pérec en champion). J'ai même tâté de la contrepèterie sans m'y attarder, je suis resté plus longtemps sur le cas des charades à tiroir. J'ai été un fan de Pierre Dac. J'ai dévoré des livres faisant la somme de tout qui touche aux mots, en particulier Claude Gagnière (Au bonheur de mots). Je suis toujours à l'affût de belles découvertes et il m'arrive d'en faire part (voir mon message sur Les rillettes de Proust, du 13 avril 2010).
Aujourd'hui, je veux dire tout le bien que je pense d'un petit livre: Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde, d'Etienne Klein et Jacques Perry-Salkow. Les anagrammes, brillantes pour la plupart car chargées du même sens que leur origine, sont accompagnées de textes fort bien documentés. Voici quelques exemples.
- Antoine de Saint-Exupéry -> doux sire y était en panne
- Le massif des Ecrins -> les défis sans merci
- Vercingétorix, roi des Gaules -> digne vers toi, glorieux César
- Les éditions Flammarion -> l'arôme des mots à l'infini
- Le commandant Cousteau -> tout commença dans l'eau
- Entreprise Monsanto -> poison très rémanent
- Aurore Dupin, baronne Dudevant, alias George Sand -> valsera d'abord au son du piano d'un génie étranger.

A vos lectures...

lundi 12 décembre 2011

Proverbe

Aperçois-tu un homme prompt à parler ?
Il y a plus à espérer d'un sot que de lui.

Proverbes 29, v. 20
Traduction TOB

vendredi 9 décembre 2011

Sanctus

Le Sanctus de la Messe solennelle de Gounod... Oeuvre qui peut paraître pompeuse et emphatique et il n'y a que Jessye Norman pour une interprétation à la hauteur. J'avais naguère (c'était du temps d'Annecy) un bon copain, Gilles, dont je regrette l'éloignement, qui souhaitait que ce morceau soit joué à son enterrement, dans cette version de Jessye Norman. Je n'en suis pas là, loin de là même, mais quand on dit "avoir la chair de poule" en écoutant de la musique, pour moi c'est valable avec ce Sanctus.