mercredi 27 janvier 2010

Rûmî

J'ai entendu parler de Rûmî pour la première fois seulement il y a quelques semaines (dommage, mais c'est comme ça). Grâce à Charlotte, une guide spirituelle.

Djâlal-od-Dîn Rûmi, dit simplement Rûmî (1207-1273), n'est pas seulement l'un des plus hauts penseurs mystiques de tous les temps, un voyant qui (au XIII° siècle !) parlait de la fission de l'atome et de la pluralité des systèmes solaires, il est aussi l'une des plus grandes figures de la littérature universelle et le fondateur de l'ordre des derviches tourneurs. La mise de l'homme au diapason du cosmos, l'oratorio spirituel des derviches qui symbolise la ronde des planètes autour du soleil et, à un second niveau, le recherche du Soi, sont longuement célébrés dans les Rubaî'yât : comme les atomes, le soufi danse et la musique ne fait que "réveiller les mystères du cœur" (4ème de couverture du livre dont je vais parler).

Vouloir connaître Rûmî est affaire de longue haleine. J'ai souhaité commencer par la lecture de certaines de ses œuvres. C'est ainsi que j'ai abordé Rubaî'yât (traduit du persan par Eva de Vitray-Meyerovitch et Djamchid Mortazavi) qui est un recueil de plus de 1000 quatrains, petits poèmes limpides et transparents où s'irisent toutes les nuances des états spirituels : désir, passion, nostalgie, rêve, mélancolie, le sentiment dominant étant toujours, chez Rûmî, l'amour (extrait de l'introduction). En voici quelques exemples (choisis parmi les plus limpides et les plus transparents).


En souvenir de ta lèvre, je baise le rubis de ma bague
N'ayant pas celle-là, je baise celui-ci
Ne pouvant parvenir à ton ciel
Je me prosterne et je baise la terre.

Un amour est venu, qui a éclipsé tous les amours.
Je me suis consumé et mes cendres sont devenues vie.
De nouveau, mes cendres par désir de ta brûlure
Sont revenues et ont revêtu mille nouveaux visages.

Ô toi dont l'amour est l'essence du monde de l'émerveillement
Ce qu'apporte ton amour, c'est le boulersement
Combien de temps m'interrogeras-tu sur l'état de mon cœur brûlé
Alors que, tu le sais bien, tu le connais mieux que moi-même.

Mes lèvres ne s'ouvrent pas sans tes lèvres
Et l'origine des paroles n'existe pas sans tes lèvres.
Dieu a fermé la porte de mon cœur, en l'absence de tes lèvres.
Il m'a dit : "N'ouvre pas tes lèvres en l'absence de ses lèvres".

Si, dans l'enfer, je peux tenir une boucle de tes cheveux,
La condition des habitants du Paradis me semblera bien humble
Si, sans toi, on m'invite dans les prairies du Paradis,
Les campagnes du Paradis me sembleront bien resserrées.

Ô mon cœur, le moment de la guérison est venu
Respire avec allégresse, car cet instant est arrivé
Cet Ami qui apaise les peines des amis
Est venu en ce monde sous une forme humaine.

Si je cherche mon cœur, je le trouve dans ton quartier
Si je cherche mon âme, je la trouve dans tes cheveux
Lorsque assoiffé je bois de l'eau
Dans l'eau je vois l'image de ton visage.