vendredi 13 juillet 2012

Destinées et rêves

Je flânai longtemps dans Yunhai. Préoccupé par l'état de madame Ming, décontenancé par ce que je venais d'apprendre, je n'étais plus capable de penser clairement; quand une idée ou un sentiment se présentait, saillait son contraire; d'un côté j'appréciais le généreux artifice de Ting Ting afin de ramener sa mère à la vie, de l'autre je condamnais cette blague qui avait gangrené un psychisme affaibli; parfois j'estimais que nos destinées ne devaient pas se restreindre à la réalité mais s'enrichir de rêves, de fantasmes, lesquels, s'ils ne sont pas la teneur des choses, témoignent de la vitalité de l'esprit.

Eric-Emmanuel Schmitt
Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus