samedi 27 juin 2009

Stances

Nuages qu'un beau jour à présent environne,
Au-dessus de ces champs de jeune blé couverts,
Vous qui m'apparaissez sur l'azur monotone,
Semblables aux voiliers sur le calme des mers ;

Vous qui devez bientôt, ayant la sombre face
De l'orage prochain, passer sous le ciel bas,
Mon cœur vous accompagne, ô coureurs de l'espace !
Mon cœur qui vous ressemble et qu'on ne connaît pas.

*

Quand reviendra l'automne avec les feuilles mortes
Qui couvriront l'étang du moulin ruiné,
Quand le vent remplira le trou béant des portes
Et l'inutile espace où la meule a tourné,

Je veux aller encor m'asseoir sur cette borne,
Contre le mur tissé d'un vieux lierre vermeil
Et regarder longtemps dans l'eau glacée et morne
S'éteindre mon image et le pâle soleil.

Jean Moréas (1856-1910)

mardi 23 juin 2009

Vers l'inépuisable

Première parenthèse dans mon silence... Charlotte Kuder-Schutz, pasteure à Hyères, m'a communiqué ce poème tiré de "vers l'inépuisable" de Francine Carillo, qui était pasteure à Genève.

on croit toujours
que la vie est derrière

on se fait du mal
à penser en arrière

grandir n'est pas fuir
mais choisir

élire son orient
consentir au vent

qui souffle
où il veut

on peut se raidir
sous les bourrasques

se perdre
dans la rébellion

on peut aussi
s'assouplir

et accueillir le miracle
d'être emmené

sur la terre des vivants
par le Souffle de tout instant