dimanche 8 janvier 2012

L'insaisissable étincelle

Il ne faut pas juger la passion, ni le chagrin car, quelles qu'en soient les raisons, quelles qu'en soient les manifestations, on n'en perçoit jamais que les surfaces; on ne voit que l'infime, on se rappelle ce qui affleurait, et l'on a tout oublié, au moment où, guéri, on examine la cicatrice indolore des troubles profonds que l'aventure avait causés en nous. On est remis. La convalescence s'est passée à tout minimiser, à piétiner les éclats de verre coupants pour les réduire en millier de miettes, qui, érodées par l'implacable semelle de la raison, achèvent de perdre leur tranchant. On balaie ça d'un revers de main, poudre cristalline, paillettes. Seule demeure l'insaisissable étincelle que la faveur d'un rayon hasardeux ranime parfois, au moment où l'on s'y attend le moins, mais qui s'éteint sitôt que l'on tente de l'encourager, de souffler dessus, pour attiser le feu ancien.

Agnès Desarthe
Mangez-moi

En 4° de couverture, on lit cet extrait de la critique de l'Express: "Dans l'immédiat, on suggère à la Sécurité sociale de rembourser son roman, plus efficace pour le moral que tous les antidépresseurs de la pharmacopée moderne". Peut-être, peut-être, mais il y a tellement plus, ne serait-ce que l'histoire d'une vie ravagée, que l'héroïne tente par tous les moyens, avouables ou non, de comprendre avant tout, de guérir ou de reconstruire, mais sans le dire comme ça. Beau roman.

jeudi 5 janvier 2012

L'univers de l'autre

Embrasse l'univers de ton prochain, et il s'ouvrira à toi.
...
Embrasser l'univers de l'autre, c'est d'abord faire mûrir en toi l'envie d'entrer dans son monde. C'est t'intéresser à lui au point de vouloir expérimenter ce que c'est que d'être dans sa peau: prendre plaisir à essayer de penser comme lui, de croire ce qu'il croit, et même de parler comme lui, de se mouvoir comme lui... Quand tu parviendras à ça, tu seras en mesure de ressentir assez justement ce que l'autre ressent et de vraiment comprendre cette personne. Chacun de vous se sentira en phase avec l'autre, sur la même longueur d'onde. Tu peux, bien sûr, regagner ensuite ta position. Vous conserverez une qualité de communication profitable à tous les deux. Et tu verras que l'autre cherchera alors aussi à te comprendre. Il se mettra à s'intéresser à ton univers, mû notamment par le désir de faire perdurer une telle qualité de relation.

Laurent Gounelle
Dieu voyage toujours incognito

Deuxième roman de l'auteur de L'Homme qui voulait être heureux, que j'avais dévoré. Ce deuxième roman, foisonnant, étrange, prenant, riche, comporte des passages qui sont de la même veine que le premier roman, mais il est aussi un vrai thriller, avec beaucoup de suspense, avec une fin... Non, vous ne saurez pas la fin. Lisez plutôt le livre, il en vaut la peine.