mercredi 28 novembre 2012

L'Écrivain de la famille

Les mots étaient là pourtant. Tout était là. Les adjectifs, les adverbes, les propositions subordonnées, les pronoms relatifs, la conjugaison du verbe être au plus-que-parfait et pourtant j'étais incapable d'écrire. Ils m'emmerdaient, ils me sortaient par les yeux les mots. Quoi? J'avais écrit un poème minable et j'avais été catalogué écrivain de la famille. Et puis quoi encore? J'aurais disséqué une grenouille, crevé un chat que j'aurais été le médecin de la famille, l'assassin de la famille. Séduit une cousine acnéique, le don Juan de la famille. Et puis, quoi encore? ... Les rêves des autres nous damnent. Aux chiottes! ...
Elle (sa mère) ouvrit ses bras et me serra contre sa poitrine, moi le fils grand comme un homme maintenant, plus grand que mon propre père; elle me serra comme elle ne l'avait plus fait depuis des siècles. J'étouffais, quel bonheur. Elle murmura à mon oreille... je sais que tu écriras un jour Edouard, que tu raconteras tout ça. Nos fissures. Nos peurs. Il faudra bien que tu trouves les mots pour demander pardon...
Ecrire guérit.

Grégoire Delacourt
l’Écrivain de la famille

J'ai lu ce livre après avoir découvert Grégoire Delacourt pour son excellentissime opus La liste de mes envies, dont je n'ai pas parlé dans ce blog.
Je ne connais pas la vie de l'auteur mais il y a de fortes chances qu'il ait mis beaucoup de lui dans ce livre tonique, brillant, drôle parfois, sincère toujours, écrit avec une plume sergent-major qui gratte le papier et même se casse en l'éclaboussant d'une étoile. Un livre qui confirme bien qu'il n'est pas vraiment heureux que les autres décident à notre place.

lundi 12 novembre 2012

Le petit bal perdu

Au nombre de ses savoir-faire, André Raimbourg dit Bourvil, pouvait aussi se montrer tendre et intimiste. J'aime bien son interprétation presque prude de la chanson de Robert Nyel et Gaby Verlor C'était bien (le petit bal perdu). Rien d'autre à dire, regardons et écoutons.