vendredi 24 avril 2009

Cold Genius (Cold song) de Purcell

Le chant du Génie du froid du King Arthur de Purcell est ici interprété par un "Petit Opéra" russe. Scénographie très moderne, interprétation peut-être plus fidèle que celle de Klaus Nomi (voir message d'hier).

A vos commentaires, pour me dire quelle est votre version préférée... sans tenir compte de la qualité de l'image !

jeudi 23 avril 2009

Cold song

Klaus Nomi, chanteur allemand (1944-1983), fut un artiste inclassable, mêlant opéra et musique expérimentale, au style original et au look délirant (costume d'extra-terrestre, maquillage outrancier et coiffure très travaillée). Sa voix pouvait passer du contre-ténor au baryton-basse. Le morceau que je présente est son plus connu. Il s'agit de Cold Song, extrait du King Arthur de Purcell, qu'il interprète avec sa voix de contre-ténor alors que la partition originale est écrite pour voix de basse. Sur la vidéo, Klaus Nomi n'a pas son costume habituel, sa coiffure non plus.

lundi 20 avril 2009

Ballade

O fols des fols, et les fols mortels hommes,
Qui vous fiez tant aux biens de fortune
En cette terre et pays où nous sommes
Y avez vous de chose propre aucune ?
Vous n'y avez chose vôtre sauf une,
Hors les beaux dons de grace et de nature.
Si la Fortune donc, par un cas d'aventure,
Vous toult (1) les biens que vôtres vous tenez,
Tort ne vous fait, ainsi vous fait droiture,
Car vous n'aviez rien quand vous fûtes né.
(1) Prend
Ne laissez plus le dormir à grand somme
En votre lit, par nuit obscure et brune
Pour acheter richesse à grandes sommes.
Ne convoitez choses dessous la lune,
Ni de Paris jusques à Pampelune
Mais ce qui fault (2), sans plus, à créature
Pour recouvrer sa simple nourriture.
Suffisez-vous d'être bien renommé
Et d'emporter bon loz (3) en sépulture,
Car vous n'aviez rien quand vous fûtes né.
(2) Manque
(3) Regrets
Les joyeux fruits des arbres, et les pommes,
Au temps que fut toute chose commune,
Et le beau miel et les glands et les gommes,
Suffisaient bien à chacun et chacune
Et pour ce fut sans noise et sans rancune.
Soyez content du chaud et des froidures
Ainsi prenez Fortune douce et sure.
Pour vos pertes, griefve (4) deuil n'en venez
Mais à raison, à point et à mesure
Car vous n'aviez rien quand vous fûtes né.
(4) Grave
Si Fortune vous fait aucune injure
C'est de son droit, là ne l'en reprenez
Et perdissiez jusques à la vêture
Car vous n'aviez rien quand vous fûtes né.

 
Alain Chartier (1390 - vers 1440)
Poète (parfois polémiste - cf Le Quadrilogue invectif), secrétaire de Charles VI et Charles VII, il fut appelé "Père de l'éloquence française". L'histoire en général et ma petite histoire personnelle ne désignent pas cet Alain Chartier comme un mien aïeul, mais, compte tenu de la virtuosité et de la pertinence des propos de sa Ballade, je me déclarerais bien volontiers comme son "p'tit p'tit p'tit p'tit p'tit fillot".

mardi 14 avril 2009

J'ai tant rêvé de toi


J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos (1900-1945) - Corps et Biens

vendredi 10 avril 2009

Double jeu

La guitare manouche - pour ceux qui apprécient - invite au voyage, intérieur peut-être... Parmi les spécialistes actuels, dignes héritiers de Django, je veux mentionner Romane, entre autres parce qu'il est le cousin de Lydie. Il a enregistré d'excellents morceaux avec Stochelo Rosenberg, dont ce morceau "Double jeu".


jeudi 2 avril 2009

Raymond Devos

Raymond Devos me manque. Je ne l'ai vu que quatre fois sur scène, toujours avec beaucoup de plaisir : rire et poésie d'un saltimbanque, agilité y compris physique d'un polyvalent et surtout art exceptionnel d'un jongleur de mots jusqu'à l'absurde.
Je relis régulièrement des sketches de cet immense artiste à côté duquel les petits faiseurs d'histoires supposées drôles ne font que gribouillis et galimatias.
Qui écrirait actuellement : "L'ouïe de l'oie de Louis a ouï. Ah oui ? Et qu'a ouï l'ouïe de l'oie de Louis ? Elle a ouï ce que toute oie oit" ?
Raymond Devos faisait parfois appel sur scène à des chansons d'autres artistes ("Mon manège à moi", "La chansonnette"...)
Je vous invite à partager un petit moment de poésie avec une de ses interprétations du "Clown" de Gianni Esposito.