jeudi 10 février 2011

La philia

Bien avant Jésus, Aristote, le brillant disciple de Platon (lui-même disciple de Socrate, ndlr), avait déjà fait évoluer la notion d'amour. Pour lui, l'amour n'est pas que désir. Il peut aussi se manifester dans l'amitié qui permet à des êtres humains de se réjouir ensemble dans un partage réciproque. Cet amour d'amitié, qu'il nomme philia, pour le distinguer d'eros, Aristote n'hésite pas à affirmer qu'il constitue, avec la contemplation divine, la plus noble activité de l'homme, celle qui lui permet d'être véritablement heureux (Ethique à Nicomaque). Cette conception ne supprime en rien la vision socratique, mais la complète: sans aller jusqu'à la contemplation divine, l'amour humain peut s'épanouir dans le plaisir et la joie; il n'est plus seulement une pulsion, un désir fondamentalement ambivalent, ni toujours un manque ou une insatisfaction. Aristote fait ainsi de l'amour une expérience joyeuse et une vertu.

Frédéric Lenoir
Socrate, Jésus, Bouddha, trois maîtres de vie.

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