mardi 15 décembre 2009
Maintenant j'ai grandi
j'ai vécu drôlement
le fou rire tous les jours
le fou rire vraiment
et puis une tristesse tellement triste
quelquefois les deux en même temps
Alors je me croyais désespéré
Tout simplement je n'avais pas d'espoir
je n'avais rien d'autre que d'être vivant
j'étais intact
j'étais content
et j'étais triste
mais jamais je ne faisais semblant
Je connaissais le geste pour rester vivant
Secouer la tête
pour dire non
secouer la tête
pour ne pas laisser entrer les idées des gens
Secouer la tête pour dire non
et sourire pour dire oui
oui aux choses et aux êtres
aux êtres et aux choses à regarder à caresser
à aimer
à prendre ou à laisser
J'étais comme j'étais
sans mentalité
Et quand j'avais besoin d'idées
pour me tenir compagnie
je les appelais
Et elles venaient
et je disais oui à celles qui me plaisaient
les autres je les jetais
Maintenant j'ai grandi
les idées aussi
mais ce sont toujours de grandes idées
de belles idées
d'idéales idées
Et je leur ris toujours au nez
Mais elles m'attendent
pour se venger
et me manger
un jour où je serai très fatigué
Mais moi au coin d'un bois
je les attends aussi
et je leur tranche la gorge
je leur coupe l'appétit.
Jacques Prévert (1900-1977)
La pluie et le beau temps
samedi 5 décembre 2009
Vers dorés
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant ;
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d'amour dans le métal repose :
"Tout est sensible !" - Et tout sur ton être est puissant !
Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
A la matière même un verbe est attaché...
Ne la fais pas servir à quelque image impie !
Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !
Gérard de Nerval
jeudi 26 novembre 2009
Musique
Tout est musique devant moi :
J'entends la voix de mon émoi ;
J'écoute la chanson du hêtre.
Tout est harmonie en ce lieu ;
Tout est poésie à cette heure :
Tout ce qui rit, tout ce qui pleure,
C'est des stances que dit le dieu.
L'odeur qui du jardin s'élève,
La guirlande de mes amours,
Tout est musique aux alentours,
Tout est mouvement dans mon rêve.
Tout est cadence, ce matin ;
Tout est rythme en ce paysage :
L'aube qui baigne mon visage,
L'ombre qui fuit vers le lointain.
Et, là-bas, la courbe énergique
Qui joint les monts au firmament,
C'est encore du mouvement,
C'est encore de la musique.
Fernand Mazade
1863 - 1939
mardi 17 novembre 2009
Il va neiger...
de l'an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l'on m'avait demandé : qu'est-ce ?
J'aurais dit : laissez-moi tranquille, ce n'est rien.
J'ai bien réfléchi, l'année d'avant, dans ma chambre,
pendant que la neige lourde tombait dehors.
J'ai réfléchi pour rien. A présent comme alors
je fume une pipe en bois avec un bout d'ambre.
Ma vieille commode en chêne sent toujours bon.
Mais moi j'étais bête parce que ces choses
ne pouvaient pas changer et que c'est une pose
de vouloir chasser les choses que nous savons.
Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous ? C'est drôle ;
nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas
et cependant nous les comprenons, et les pas
d'un ami sont plus doux que de douces paroles.
On a baptisé les étoiles sans penser
qu'elles n'avaient pas besoin de nom, et les nombres
qui prouvent que les belles comètes dans l'ombre
passeront, ne les forceront pas à passer.
Et maintenant même, où sont mes vieilles tristesses
de l'an dernier ? A peine si je m'en souviens.
Je dirais : laissez-moi tranquille, ce n'est rien,
si dans ma chambre on venait me demander : qu'est-ce ?
Francis Jammes (1868 - 1938)
De l'Angelus de l'Aube à l'Angelus du Soir
samedi 7 novembre 2009
Humanité
mardi 27 octobre 2009
Yéchoua (Jésus)
... J'apprécie que ce Yéchoua n'assène rien sans faire appel à la liberté de ses interlocuteurs. Quelle différence avec les prêtres qui vous assomment de dogmes, les philosophes de raisonnements, les avocats de rhétorique. Yéchoua ni n'impose, ni ne raisonne, ni ne convainc. Il sollicite une disponibilité intérieure, une porte que nous consentirions à ouvrir et, à cette condition-là, propose son message qui nous ouvre une vie différente. Quelle étrange douceur...
Eric-Emmanuel Schmitt
L'Evangile selon Pilate
vendredi 23 octobre 2009
L'entretien avec Nicodème
La Bible
L’Evangile selon Saint Jean
Chapitre 3, versets 1 à 8
Merci, Charlotte, de m’avoir guidé vers ce texte.
dimanche 4 octobre 2009
Chanson de la fleur
Par la voix de la Nature ;
Je suis une étoile tombée de la
Tente bleue sur le tapis vert.
Je suis la fille des éléments
Avec lesquels l'Hiver a procréé ;
A qui le Printemps a donné naissance ; je fus
Érigée dans le giron de l'Été et je
Me suis endormie dans le lit de l'Automne.
A l'aube, je m'unis à la brise
Pour annoncer la venue de la lumière ;
Le soir, je rejoins les oiseaux
Dans leur salut à la lumière.
Les plaines sont ornées de
Mes belles couleurs, et l'air
Est embaumé par mon parfum.
Quand j'étreins le Soleil, les yeux de
La nuit me regardent, et quand je
M'éveille, je regarde le Soleil, qui est
L'œil unique du jour.
Je bois la rosée comme du vin, je prête l'oreille
Aux voix des oiseaux et je danse
Sur le mouvement rythmé de l'herbe.
Je suis le cadeau de l'amant ;
Je suis la guirlande des noces ;
Je suis le souvenir d'un moment de bonheur ;
Je suis le dernier cadeau du vivant au mort ;
Je suis une part de joie et une part de chagrin.
Mais je regarde vers le haut pour ne voir que la lumière,
Et ne regarde jamais vers le bas pour voir mon ombre,
C'est une sagesse que l'homme devrait apprendre.
Khalil Gibran
Le Sable et l'Ecume (et autres poèmes)
vendredi 2 octobre 2009
Mozart l'égyptien
jeudi 20 août 2009
L'air de La Wally (Diva)
La suite du film serait longue à raconter et ce n'est pas mon propos.
mercredi 19 août 2009
La paix intérieure
samedi 15 août 2009
Pour toi, Marc
Philip Roth
Un homme
dimanche 9 août 2009
Christian Bobin et les poètes
Récemment - je l'ai dit dans ce blog - c'était à propos d'un livre d'Albert Cohen. Aujourd'hui, c'est un extrait de La lumière du monde de Christian Bobin. Il y a tant de sujets à réflexion dans ce livre, mais je reviens sur ce passage...
La plupart des poèmes sont comme des allumettes qu'on gratte : ils nous éclairent pendant quelques secondes et cela fait une jolie flamme, mais ensuite, il ne nous reste plus à la main qu'un petit bout de bois calciné. Je n'ai jamais vu la lumière, mais je la connais toute, et je sais que la vraie lumière ne s'éteint pas comme ça. Ce ne sont pas les poètes qui donnent la plus grande lumière, mais ceux qui ont aperçu une lumière plus belle que la poésie.
C'est une vision des choses, je l'accepte.
mercredi 29 juillet 2009
Donald Shimoda
Ce nom vous dit-il quelque chose ? Oui ? Non ? C'est celui du Messie, dans Le Messie récalcitrant de Richard Bach, l'auteur de Jonathan Livingston le Goéland. Je viens de relire ce livre 23 ans après la première fois et je ne devais sûrement pas avoir les mêmes lunettes internes. Certes, on n'y trouve pas la puissance, la subtilité, la profondeur d'autres livres qui conduisent notre recherche, pour ne pas dire notre vie, mais au-dessous d'anecdotes amusantes, on peut ouvrir un coffret à réflexions génératrices d'échanges potentiels. Voici quelques pépites extraites de ce ruisseau aurifère.
Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître (on peut dire le Sage) l'appelle un papillon.
Afin de vivre libre et joyeux, tu dois sacrifier l'ennui. Ce n'est pas toujours un sacrifice facile.
Voici une épreuve pour découvrir si ta mission sur terre est terminée: si tu es vivant, c'est qu'elle ne l'est pas.
Il n’est jamais un problème qui n’ait un cadeau pour toi entre ses mains.
lundi 27 juillet 2009
Trois traces de Christian Bobin
Le néant et l'amour sont de la même race terrible. Notre âme est le lieu de leur empoignade indécise.
Rencontrer quelqu'un, le rencontrer vraiment - et non simplement bavarder comme si personne ne devait mourir un jour -, est une chose infiniment rare. La substance inaltérable de l'amour est l'intelligence partagée de la vie.
Parfois quelqu'un surgit qui nous sauve de notre personnage, que nous avions fini par confondre avec notre personne. Une telle résurrection demande deux choses - de l'audace, et de l'amour. L'audace est comme le feu qui ne s'embarrasse d'aucune nuance de bois. L'amour est la bienveillance inlassablement maintenue.
samedi 25 juillet 2009
Albert Cohen et les poètes
samedi 27 juin 2009
Stances
mardi 23 juin 2009
Vers l'inépuisable
jeudi 28 mai 2009
L'évidence poétique
Son rôle est d’extraire de toutes choses, de tout spectacle, de tout accident dans le domaine physique ou moral, la substance qu’il transportera ensuite sur un autre plan, celui de l’art, où son pouvoir créateur accomplira la sublime transformation. Il ne saurait consentir à immoler ou à asservir la poésie à quelque sujet ou phénomène social que ce soit, sans faillir à sa vraie mission. Il se doit de dérober à quelque chose la part qui en revient à la poésie.
...
La poésie n’est pas un simple jeu de l’esprit. Ce n’est pas pour se distraire ou pour distraire un public quelconque que le poète écrit. Ce qui l’inquiète, c’est son âme et les rapports qui la relient, malgré tous les obstacles, au monde sensible et extérieur.
Ce qui pousse le poète à la création, c’est le désir de se mieux connaître, de sonder sa puissance intérieure constamment, c’est l’obscur besoin d’étaler sous ses propres yeux cette masse qui pesait trop lourdement dans sa tête et dans sa poitrine. Car la poésie, même la plus calme en apparence, est toujours le véritable drame de l’âme. Son action profonde et pathétique.
Le poète est un plongeur qui va chercher dans les plus intimes profondeurs de sa conscience les matériaux sublimes qui viendront se cristalliser quand sa main les portera au jour.
vendredi 15 mai 2009
La musique
(Ce poème me fait penser à une magnifique sculpture
de Christian Jacques, achetée il y a quelques années,
actuellement en "prêt longue durée" chez Lydie)
De Baudelaire :
vendredi 8 mai 2009
Jean-Baptiste Chassignet
D'un fantôme, ou d'un masque, ainsi nous avons peur,
Et redoutons la mort, la concevant au cœur
Telle comme on la fait, hâve, triste, et affreuse :
Comme il plaît à la main ou loyale, ou trompeuse
Du graveur, du tailleur, ou du peintre flatteur
La nous représenter sur un tableau menteur,
Nous l'imaginons telle, agréable, ou hideuse :
Ces appréhensions torturant nos cerveaux
Nous chassent devant elle, ainsi comme bouveaux
Courent devant le loup, et n'avons pas l'espace
De la bien remarquer : ôtons le masque feint,
Lors nous la trouverons autre qu'on ne la peint,
Gracieuse à toucher, et plaisante de face.
*
M'a fait en ma maison mal content retirer.
En mon estude seul j'ay voulu demeurer,
En fin la solitude a causé mon dommage.
J'ay voulu naviguer, en fin le navigage
Entre vie et trespas m'a fait desesperer.
J'ay voulu pour plaisir la terre labourer,
En fin j'ay mesprisé l'estat du labourage.
J'ay voulu pratiquer la science et les ars,
En fin je n'ay rien su ; j'ay couru le hasars
Des combats carnassiers, la guerre ore m'offence :
Ô imbecillité de l'esprit curieus
Qui mescontent de tout de tout est desireus,
Et douteus n'a de rien parfaite connoissance.
mardi 5 mai 2009
Stances de l'impossible
L'air deviendra pesant, le plomb sera léger :
On verra les poissons dedans l'air voyager
Et de muets qu'ils sont avoir la voix fort bonne.
L'eau deviendra le feu, le feu deviendra l'eau
Plutôt que je sois pris d'un autre amour nouveau.
Le mal donnera joie, et l'aise des tristesses !
La neige sera noire, et le lièvre hardi,
Le lion deviendra du sang acouardi,
La terre n'aura point d'herbes ni de richesses ;
Les rochers de soi-même auront un mouvement
Plutôt qu'en mon amour il y ait changement.
Le loup et la brebis seront en même étable
Enfermés sans soupçon d'aucune inimitié ;
L'aigle avec la colombe aura de l'amitié
Et le caméléon ne sera point muable.
Nul oiseau ne fera son nid au renouveau
Plutôt que je sois pris d'un autre amour nouveau.
La lune qui parfait en un mois sa carrière
La fera en trente ans au lieu de trente jours ;
Saturne qui achève avec trente ans son cours
Se verra plus léger que la lune légère :
Le jour sera la nuit, la nuit sera le jour
Plutôt que je m'enflamme au feu d'un autre amour.
Les ans ne changeront le poil ni la coutume,
Les sens et la raison demeureront en paix,
Et plus plaisants seront les malheureux succès
Que les plaisirs du monde au coeur qui s'en allume.
On haïra la vie, aimant mieux le mourir
Plutôt que l'on me voie à autre amour courir.
On ne verra loger au monde l'espérance ;
Le faux d'avec le vrai ne se discernera,
La fortune en ses dons changeante ne sera,
Tous les effets de mars seront sans violence,
Le soleil sera noir, visible sera Dieu
Plutôt que je sois vu captif en autre lieu.
Amadis Jamyn (1538-1592)
Grand ami de Ronsard, traducteur de l'Iliade et l'Odyssée
dimanche 3 mai 2009
Fandango de Boccherini
vendredi 24 avril 2009
Cold Genius (Cold song) de Purcell
jeudi 23 avril 2009
Cold song

lundi 20 avril 2009
Ballade
(3) Regrets
mardi 14 avril 2009
J'ai tant rêvé de toi
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.
vendredi 10 avril 2009
Double jeu
jeudi 2 avril 2009
Raymond Devos
samedi 28 mars 2009
Ciaccona del Paradiso e del Inferno
C'est principalement pour toi, Mag. Bonne écoute.
dimanche 15 mars 2009
jeudi 12 mars 2009
L'homme intérieur
Marie de Hennezel
La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller
Robert Laffont
lundi 2 mars 2009
Les trois trésors de Lao-tseu
dimanche 1 mars 2009
L'ahimsa
(1) ahimsa : non-violence active
Mohandas Karamchand Gandhi (1869-1948), La voie de la non-violence
jeudi 26 février 2009
Le puits est en toi
.
.
mardi 20 janvier 2009
Le Papalagui
samedi 17 janvier 2009
Hommage à Emile Joulain
.
Dret en la grand' bouére par ein ch'min d'lumière
Qui n'srait pûs d'argent mais du roug' varmeill' du soulé couchant,
Ein ch'min d'paradis couleur d'mon sang
Pour qu'j'sois moins trisse en mon heur' darnière
Et qu'par eine bell' nuit j'm'endorm' en rêvant
Des fill's d'la Loére.
lundi 12 janvier 2009
Ce peu de bruits
Philippe Jaccottet - Ce peu de bruits - NRF
samedi 10 janvier 2009
Le murmure des dunes
Jean-Pierre Valentin, Le murmure des dunes.
Livre offert par Fanny, janvier 2009.
Du bon usage des crises
Christiane Singer, Du bon usage des crises.
Livre offert par Lydie pour mon anniversaire d'août 2008 (juste avant mon AVC !)